Plan d’urgence national pour la ruralité : les propositions du député et de sa suppléante 

TRIBUNE – Pierre Morel-A-L’Huissier, député de la Lozère et président du Collectif National des députés de la ruralité, et Sabine Dalle, suppléante du député et conseillère départementale, formulent leurs propositions pour la ruralité.

 

Nous avons mené au cours de ces derniers mois un important travail à Paris sur la ruralité. Ce travail a débouché sur un mémorandum qui a fait l’objet de nombreuses contributions. Aujourd’hui nous vous en livrons les grandes orientations.

Considérant pour notre part que la ruralité fait partie intégrante de la société française, nous estimons que les territoires ruraux ne sont pas des territoires de seconde zone. Ce constat nous amène à proposer qu’à chaque euro dépensé pour la politique de la ville corresponde un euro pour le développement rural. Nous proposons ainsi l’émergence d’un nouveau principe, celui de parité. Ce sont ainsi 10 milliards d’euros qui sont proposés pour les 11 millions d’habitants et les 22 000 communes rurales, crédits d’Etat mobilisés à travers des économies effectuées sur la dépense publique nationale. Ce faisant, nous mettons un terme à la spirale qui consiste à déposséder les secteurs ruraux des dotations d’Etat.

photo ruralitéCes 10 milliards d’euros seront déclinés dans un  « plan d’urgence pour la ruralité », dont les principaux axes sont :

–          La création de « contrats de revitalisation rurale » permettant, département par département, de soutenir des projets structurants élaborés par la population et les acteurs locaux, à l’exemple de ce qui a été fait sur les « pôles d’excellence ruraux » il y a 5 ans ;

–          L’amélioration de l’offre de soins et de santé à travers la création de véritables maisons de santé pluridisciplinaires, une revalorisation de l’acte médical en milieu rural, des conventions d’installation avec les facultés de médecine, des aides au maintien des médecins installés, et un soutien aux pharmacies rurales et aux acteurs paramédicaux ;

–          La rénovation de l’habitat rural à travers des programmes d’intervention pour la rénovation du bâti ancien et des centres-bourgs ;

–          L’accroissement de l’offre de BTS et de licences professionnelles ;

–          Le confortement des écoles communales et intercommunales ;

–          La création de « paniers de service public » offrant tous les services à moins de 30 kms du domicile ;

–          Un plan national pour le numérique, avec participation obligatoire des opérateurs ;

–          Le développement du télétravail, des télé-centres et de la télémédecine ;

–          La préservation de la couverture ferroviaire du territoire par un soutien de l’Etat sur les lignes nationales d’aménagement du territoire ;

–          Un plan national routier axé sur un véritable objectif d’aménagement du territoire ;

–          La redéfinition des « zones de revitalisation rurale » et l’affectation d’aides en faveur de l’attractivité économique ;

–          Le soutien à l’activité touristique avec la mise en place d’un programme de rénovation de l’hôtellerie rurale ;

–          Le renforcement de la Dotation d’Equipement des Territoires Ruraux (DETR) ;

–          Le renforcement de la sécurité avec préservation du maillage gendarmerie et le confortement des polices nationale et municipale ;

–          Un plan national en faveur des sapeurs-pompiers volontaires ;

–          La restructuration de la carte cantonale et de la carte inter-communale, avec réduction du nombre d’élus locaux ;

–          La mise en place d’un plan national en faveur du volontariat et de l’engagement associatif dans les domaines caritatif, culturel, sportif, social, scientifique et ;

–          Un moratoire sur les normes, avec création du « principe d’adaptabilité » permettant un assouplissement dans l’application des normes nationales en milieu rural ;

–          Un plan national de déconcentration des services de l’Etat, avec création de plateformes en milieu rural ;

–          Un « dispositif national de prise en charge de la dépendance et du handicap ».

Tout cet arsenal, qui a été scrupuleusement chiffré à 10 milliards d’euros, a pour objectif de revitaliser les territoires ruraux en leur donnant la capacité d’offrir des perspectives d’emplois, tant au niveau de l’agriculture et de l’agroalimentaire qu’au niveau de secteurs économiques productifs, mais également d’orienter l’action publique sur de nouvelles niches, notamment l’e-commerce, la téléassistance et le travail à distance.